le COQUELICOT 42 ATHLÉTISME se souvient de son histoire singulière entre 1940 et 1944 et de son illustre Président du 16.12.1940 au 11.02.1944, Léon NAUTIN (1909/1944) disparu tragiquement en mission secrète pour la Résistance le 11.02.1944, ‘’mort pour la FRANCE’’, il y a 80 ans.
En raison de la mobilisation de nombreux athlètes et donc de la réduction
des effectifs, l’Assemblée Générale du 16.12.1940 marque le rapprochement des sections Athlétisme du CLUB ATHLÉTIQUE DU COQUELICOT (C.A.C.) et de l’ASSOCIATION SPORTIVE STÉPHANOISE (A.S.S.) pour prendre le nom de CLUB ATHLÉTIQUE DE SAINT-ETIENNE (C.A.S.E. version n° 1 du 16.12.1940 au 30.11.1943). Sous la Présidence de Léon NAUTIN et la Présidence d’Honneur de Pierre GUICHARD.
Condition au regroupement imposé par l’ASSOCIATION SPORTIVE STÉPHANOISE (A.S.S.), le maillot traditionnellement blanc puis rouge du
C.A. COQUELICOT devient vert avec un écusson en forme de diamant en position centrale sur la poitrine ou sur le cœur avec les lettres C.A.S.E. pour CLUB ATHLÉTIQUE DE SAINT ETIENNE et un coquelicot stylisé.
L’ASSOCIATION SPORTIVE STÉPHANOISE (A.S.S.) fondée par Geoffroy GUICHARD en 1919 sous le nom d’A.S. CASINO était alors le club omnisports amateur (Athlétisme, Cross-Country, Basket-Ball, Football) de l’entreprise CASINO crée par Geoffroy GUICHARD en 1898. La couleur verte des stores et des volets du premier magasin CASINO a inspiré ce choix pour la couleur des maillots de l’association sportive.
L’équipe de Football Amateur de l’A.S.S. fut l’aïeule de l’ASSOCIATION SPORTIVE DE SAINT-ETIENNE (A.S.S.E.), section Professionnelle de Football que Pierre GUICHARD, 7e des 8 enfants de Geoffroy GUICHARD, a créée en 1933.
Il fut Président de l’A.S.S.E. jusqu’en 02.1943 (puis 1950 – 1952 et 1959/1961). On lui doit également la construction du stade Geoffroy-Guichard en 1931.
Entre 1940 et 1944, le C.A.S.E. Athlétisme enregistra des performances intéressantes :
. En 1941, l’équipe Seniors de Cross-Country du C.A.S.E. a été la meilleure
de la Loire en enlevant successivement le Challenge Léonard-Lille, les
Championnats de la Loire, le Challenge Christofle, le Challenge Delomier, 2e
des Championnats du Lyonnais battue de justesse par le Lyon Olympique et 6e
des Championnats de la France non occupée (zone libre) sur 12 finalistes.
(RICHER, GILLOT, GUILLIN, DUMAS, JOYEUX, PITAVAL, LAMBET, Entraineur
MATHEVET).
. Jacques CRÉTAINE remporte la première médaille de l’histoire du club aux
Championnats de France Élite le 21.07.1941 au Stade Yves du Manoir à
COLOMBES. Il décroche la médaille de bronze du Disque (39,63 m).
Il terminera également 6e du Disque (37,67 m) le 25.07.1943 au Stade Municipal de LYON.
. ROUCHOUSE termine 5e des Championnats de France Cadets de Cross-Country (4
km en 13’16’’) le 26.03.1944 sur l’hippodrome de VINCENNES.
Le 30.11.1943, le CLUB ATHLÉTIQUE DE SAINT-ETIENNE disparait soudainement par dissolution et le CLUB ATHLÉTIQUE DU COQUELICOT repris son indépendance, son nom et son activité orientée vers l’athlétisme avec quelques jeunes, sport que délaissa complètement l’A.S. STÉPHANOISE.
Les athlètes du C.A.S.E. ont eu 15 jours à partir du 26.11.1943 pour muter vers un autre club.
Officiellement, le mécène (CASINO) de l’ASSOCIATION SPORTIVE STÉPHANOISE (A.S.S.) se montrant moins généreux pour les athlètes du C.A.S.E. qu’il ne l’était pour les footballeurs amateurs de l’A.S.S., les dirigeants du club d’athlétisme décidèrent la dissolution du C.A.S.E. pour poursuivre
l’activité avec le C.A. COQUELICOT.
Plus certainement, le C.A.S.E. qui abritait de nombreux résistants du réseau
action SOL dont Marius BARDON, Eugène BORNIER, Stéphane FERRAND, Daniel GILLOT, Léon NAUTIN et du groupe ESPOIR dont Lucien NEUWIRTH…..fut repéré par le Régime de VICHY en 1943 et ne put que disparaitre sous cette dénomination pour les raisons suivantes :
Le Président Léon NAUTIN, recherché par la Gestapo depuis le printemps 1943,
s’était déjà éloigné de la Loire.
Le réseau action SOL dirigé par Eugène BORNIER avait été repéré et déjà
dispersé par la Gestapo en juin 1943 (7 arrestations) et une nouvelle vague
importante d’arrestations de Résistants avait eu lieu en octobre 1943 à
ST ETIENNE.
Par ailleurs, l’ascension en Football Professionnel de l’A.S.S.E. (créée en
1933), Présidée par le Président d’Honneur du C.A.S.E. Pierre GUICHARD, fut
stoppée nette avec la Seconde Guerre mondiale parce que le Gouvernement de
VICHY a supprimé purement et simplement les équipes Professionnelles.
Réforme engagée dès octobre 1940 pour tous les sports professionnels avec
sursis de 3 ans accordé jusqu’en 06.1943 au Football Professionnel qui avait
démarré en 1932.
A partir de juin 1943, des Équipes Régionales Amateurs sont constituées avec
la réforme PASCOT (Commissaire aux Sports de Vichy). L’A.S.S.E. est ainsi
remplacée dans le Championnat de France de Football par l’équipe Amateur
Lyon-Lyonnais.
En total désaccord et en lutte contre cette Loi du Régime de VICHY pendant 3
ans (1940/1943), avec cette nouvelle orientation qui détruit 15 ans
d’efforts, Pierre GUICHARD démissionnera en 02.1943 de la Présidence de
l’A.S.S.E. pour se consacrer à l’entreprise CASINO dans laquelle il est
amené à prendre les premiers rôles à la suite du décès de son père, Geoffroy
GUICHARD en 1940.
Hors Pierre GUICHARD était également Président d’Honneur du CLUB ATHLÉTIQUE DE SAINT-ETIENNE.
Le CLUB ATHLÉTIQUE DE SAINT-ETIENNE, foyer de Résistants a compté dans ses rangs des hommes qui se sont illustrés pendant la Seconde Guerre mondiale :
Eugène BORNIER (1911/1988)
Imprimeur à ST ETIENNE, athlète puis dirigeant du C.A. COQUELICOT, il fut
l’un des tous premiers organisateurs de la Résistance à ST ETIENNE.
Il imprima des tracts et journaux clandestins au début de l’occupation. Devenu
Chef du réseau action SOL, sous-réseau du réseau Ali-Tir, il fut chargé de
l’organisation de parachutages dans la Loire.
En 1943, traqué par l’ennemi, il s’envola vers la Grande-Bretagne et fut
ensuite parachuté dans la région Bordelaise, chargé d’une mission importante
mais il se casse une cheville en atterrissant.
Il fut le compagnon de lutte de Léon NAUTIN qui le remplaça à la tête du
réseau SOL à ST ETIENNE. Eugène BORNIER occupera ensuite un poste important en région Niçoise. A la fin de la guerre, il reprit son activité d’imprimeur
jusqu’en 1975.
Il a été décoré de la Croix de Chevalier en 1945 et fait Officier de la
Légion d’Honneur en 1958.
Léon NAUTIN (1909 /1944)
Né le 23.12.1909 à ST ETIENNE, Léon NAUTIN fut athlète du CLUB ATHLÉTIQUE DU COQUELICOT à compter de 1929, spécialiste de Demi-Fond avant de devenir Juge, Dirigeant et Président.
Président du Comité d’Athlétisme de la Loire en 1935 à 26 ans,
Vice-Président du Comité d’Athlétisme du Lyonnais, ses qualités d’orateur le
promettait aux plus hautes fonctions au sein de la Fédération Française
d’Athlétisme. C’était sans compter sur un destin tragique.
Élu en Assemblée Générale du 16.12.1940, Président exécutif du club renommé
CLUB ATHLÉTIQUE DE SAINT-ETIENNE lors du rapprochement des sections
athlétisme du CLUB ATHLÉTIQUE DU COQUELICOT et de l’ASSOCIATION SPORTIVE STÉPHANOISE, a une époque exceptionnelle où le maillot du club fut vert avec un écusson portant les lettres C.A.S.E. et un coquelicot stylisé.
Successivement Chef de Cabinet du Préfet de la Loire jusqu’en 1940, Agent
d’assurances avec son beau-frère, Léon NAUTIN rejoint la Résistance en
05.1942 au sein du réseau action SOL, dirigé par un autre ancien athlète et
dirigeant du C.A. COQUELICOT (Eugène BORNIER). Il participe à de nombreuses opérations (parachutages, diffusion de presse clandestine) dans la région stéphanoise puis Bordelaise pour le B.C.R.A. (services secrets de la France Libre) mais recherché par la Gestapo, il se rend à LONDRES le 15.11.1943 avant de revenir au PUY EN VELAY.
Arrêté à BORDEAUX le 11.02.1944 alors qu’il est en mission secrète, Léon
NAUTIN préfère se donner la mort en avalant une capsule de poison plutôt que
de compromettre la sécurité de sa mission et de ses compagnons.
Inhumé dans un premier temps à BORDEAUX, à la Libération de la ville, son
corps sera rapatrié le 30.10.1944 à ST ETIENNE et enterré dans la tombe
familiale au Cimetière du Crêt de Roch. En 1995, les cendres de Léon NAUTIN
ont été transférées de la tombe familiale vers la crypte du Souvenir
Français dans ce même cimetière à ST ETIENNE.
Léon NAUTIN a marqué l’histoire du club, de la ville et l’histoire tout
cours. Seul membre du COQUELICOT 42 pour lequel la ville de ST ETIENNE a
honoré la mémoire en donnant son nom le 28.05.1950 au stade municipal Léon
NAUTIN (ex stade de la Chaléassière) et à la rue Léon NAUTIN (ex rue du
Chambon).
Il a reçu de nombreuses distinctions : Chevalier de la Légion d’Honneur,
Compagnon de la Libération, Croix de Guerre 1939/1945 avec palme, Médaille
de la Résistance Française.
Lucien NEUWIRTH (1924/2013)
Né le 18.05.1924 à ST ETIENNE, Lucien NEUWIRTH est licencié en 1938 à 14 ans en Minime au CLUB ATHLÉTIQUE DU COQUELICOT, spécialiste du
1000 m.
Âgé de 16 ans le 18.06.1940, il est à YSSINGEAUX (43) lorsqu'il entend par
hasard l'appel du Général de GAULLE à la radio B.B.C. de LONDRES. « Ce qu'il disait, c'était ce que je pensais », affirmera plus tard Lucien NEUWIRTH.
Rentré à ST ETIENNE, il organise un groupe de jeunes amis convaincus comme
lui qu'il faut résister, rencontre Jean NOCHER, alors journaliste au journal
La Tribune de Saint-Étienne. C'est autour de Jean NOCHER que va se
constituer le groupe ESPOIR et s’organiser la publication du journal
clandestin du même nom.
En 1942, les arrestations de résistants ayant commencé, il part pour
LONDRES. En 1944 Il s'engage dans les Forces Françaises Libres, rejoint les
parachutistes S.A.S. français, atterrit en planeur en Bretagne début
08.1944, et part vers la Loire en jeep (opération SPENCER).
Il combat en Belgique (opération FRANKLIN, hiver 1944) puis est parachuté
aux Pays-Bas (opération AMHERST, avril 1945) où il est fait prisonnier et
fusillé. Par chance, il survit miraculeusement au peloton d'exécution, sauvé
par son portefeuille et quelques pièces de monnaie laissé dans sa poche gauche, qui arrêtent la balle qui allait droit à son cœur.
Blessé et recouvert par le corps d'un de ses camarades, il survit.
Homme politique, Lucien NEUWIRTH sera successivement Conseiller Municipal à ST ETIENNE (1947/1965), Adjoint au Maire (1953/1965), Député (1958/1981), Président du Conseil Général de la Loire (1979/1994) et Sénateur (1983/2001).
Connu pour sa Loi NEUWIRTH en 1967 autorisant l’utilisation de la contraception orale (Pilule) pour les femmes. Il est également à l’origine des lois sur la prise en charge de la douleur (1995) et sur les soins palliatifs (1999).
Il a reçu de nombreuses distinctions : Commandeur de la Légion d’Honneur
(31.12.2001), Médaille militaire, Grand officier de l’ordre national du mérite, Croix de Guerre 1939/1945, Médaille de la Résistance française avec rosette, Chevalier de l’ordre des Palmes académiques, Médaille des évadés, Médaille de la Liberté (États-Unis).
Lest we forget (N’oublions pas).